AACMR - Amis et Anciens du Conservatoire de Rimouski

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Anecdotes

Symphonie des adieux

La famille Esterhazy passait une bonne partie de l’année dans son château situé dans un coin perdu au nord-ouest de la Hongrie. Ce faisant, elle obligeait Haydn et ses musiciens à demeurer coupés de leurs familles pendant de longues périodes. Haydn trouva un moyen ingénieux d’envoyer un message au Prince. À l’été 1772, pendant le dernier mouvement d’une symphonie, les musiciens éteignirent l’un après l’autre leur chandelle, se levèrent et quittèrent la scène jusqu’à ce qu’il ne restent plus que deux violonistes. Le Prince saisit le message et accorda aussitôt un congé à ses musiciens. Cette symphonie est maintenant connue sous le nom de « Symphonie des adieux ».

 

Le quatuor du rasoir

En 1789, l’éditeur John Bland se rendit à Vienne à la recherche de nouvelles œuvres. Il se présenta chez Joseph Haydn au moment où celui-ci était en train de se raser. Haydn s’écrira : « Je donnerais un de mes quatuors pour avoir un bon rasoir! » Bland le prit au mot. Il courut à sa chambre et rapporta ses rasoirs faits des lames d’acier de la meilleure qualité. Haydn tint parole et lui remis son dernier quatuor à cordes (opus 55, no 2), qui porte maintenant le surnom de « Quatuor du rasoir ».

 

Costume d’Ève

À l’occasion de la première de son oratorio La Création, en 1798, Joseph Haydn (1732-1809) a demandé aux chanteuses et chanteurs de porter des costumes de scène appropriés à l’œuvre. Or, la soprano qui devait interpréter le rôle d’Ève s’empressa d’envoyer un mot au compositeur pour lui dire qu’il était hors de question pour elle de chanter nue.

 

Le quintette de Haydn

Le prince Lobkowitz demanda un jour à Haydn pourquoi qu’il n’avait jamais composé de quintette instrumental. Haydn répondit qu’il ne voulait pas qu’un quintette écrit de sa main soit comparé aux quintettes de Mozart, qui représentaient la perfection à ses yeux. « Ça n’a pas d’importance, répondit le prince; composez-moi un quintette et je vous paierai très bien. ». Peu après, Haydn apporta au prince une partition manuscrite comportant quatre lignes notées et une cinquième ligne laissée en blanc. Le prince s’écria : « Mon cher Haydn, vous avez oublié de composer la cinquième partie! » - « Non, mon bon Prince, répondit Haydn. Je vous ai laissé le soin de la composer vous-même. Quant à moi, j’ai été incapable de trouver une musique appropriée pour cette partie. »

 

La symphonie « miracle »

La symphonie no 96 en ré majeur de Joseph Haydn a été surnommée la Symphonie « Miracle ». Cependant, l’incident qui lui a valu ce surnom se rapporte en réalité à la symphonie no 102. Lors de l’exécution de cette symphonie, le 2 février 1795, un gros lustre s’est effondré dans la salle de concert, mais sans blesser personne grièvement, le public s’étant pressé en avant vers l’orchestre pour mieux voir de près le célèbre Haydn. L’incident est donc survenu lors du deuxième voyage de Haydn à Londres.

 

Trois funérailles

Joseph Haydn (1732-1809) a eu trois funérailles. La première eut après son décès le 31 mai 1809. Vienne était alors occupé par les troupes de Napoléon 1er et on enterré Haydn à la « sauvette ». Un peu plus tard, en 1820, on décida de transférer les restes dans la ville natale d’Eisensadt, capitale de Burgenland. Quand on ouvrit sa tombe, il manquait la tête. Au XIXe siècle, on était en plein d’engouement pour la phrénologie. On peut supposer que l’un de ces phrénologues se soit emparé de la tête du compositeur. Il faudra attendre la fin de la seconde guerre mondiale pour la trouver. Et c’est en 1954, qu’on a la certitude de l’avoir retrouvée. L’État autrichien organisa en grande pompe une cérémonie pour replacer cette partie du corps.  

 

Humiliation

Arcangelo Corelli (1653-1713), grand violoniste et compositeur, a subi une profonde humiliation en 1702, à Naples. Il fut incapable de jouer correctement un passage d’une œuvre d’Alessandro Scarlatti, qu’un musicien de l’orchestre joua aussitôt sans difficulté.

 

Mort dans l’anonymat

La mort de Franz Schubert, le 19 novembre 1828, passa totalement inaperçue du public. Son père et ses amis eurent bien du mal à trouver l’argent nécessaire pour payer le médecin, les médicaments et les funérailles. Quel contraste avec Beethoven, mort le 29 mars de l’année précédente et accompagné au cimetière par un cortège précédé de 36 porteurs de flambeaux (au nombre desquels Schubert lui-même) sous les regards de 20 000 personnes agglutinées le long du parcours. Et quand Johann Strauss père mourut en 1849, c’est 100 000 personnes qui bordèrent le chemin jusqu’au cimetière de Döbling.

 

Records d’assistance

Quelque 12 000 personnes, raconte-t-on, ont assisté à la répétition publique de la Music for the Royal Fireworks de Georg Friedrich Haendel (1685-1759) le 21 avril 1749 à Londres. Mais le record d’assistance a probablement été battu par Girolamo Frescobaldi (1583-1643). En effet, après son retour des Pays-Bas en 1608, il fut nommé organiste titulaire à Saint-Pierre de Rome. À l’occasion de sa première prestation à l’orgue de Saint-Pierre, quelque 30 000 personnes se sont entassées dans l’église ou assemblées place Saint-Pierre pour l’entendre. – Il y a donc moyen, avec un peu de publicité, d’attirer du monde aux concerts classiques.

 

Succès motorisés

Les succès de Giacomo Puccini (1858-1924) ont été balisés d’étranges trophées. Après le succès de Mano Lescaut en 1893, Puccini s’acheta une bicyclette. Après La Tosca, en 1900, il fit l’acquisition d’une automobile, une « Buire nauséabonde et démoniaque ». Dix ans plus tard, La Fille du Far-West lui permit de s’acheter un hors-bord plus diabolique encore.

 

Duel musical

Divers compositeurs ont été invités à participer à des compétitions amicales avec un confrère. En 1709, Georg Friedrich Haendel et Domenico Scarlatti ont été invités par le cardinal Pietro Ottoboni à montrer leur virtuosité. Haendel fut déclaré le meilleur à l’orgue et Scarlatti le meilleur au clavecin. En 1717, Johann Sebastian Bach se rendit à Dresden pour se mesurer à l’organiste Louis Marchand. Ce dernier fut tellement impressionné par le jeu de Bach qu’il ne se présenta pas. En 1781, l’empereur Joseph II invita quant à lui Muzio Clementi et Wolfgang Amadeus Mozart à improviser sur le même thème qu’il leur a remis. Mozart fut déclaré le vainqueur et il reçut les 50 ducats mis en jeu par l’empereur.

 

Compositeur rapide

Un directeur de théâtre milanais aux abois s’adressa à Gaetano Donizetti et lui dit qu’il avait besoin d’un nouvel opéra dans deux semaines. Il demanda au compositeur de remanier une œuvre d’un autre compositeur. « Vous voulez rire de moi, s’écria Donizetti. Je ne remanie même pas mes propres œuvres ;  je ne remanierai pas celles des autres. Envoyez-moi Felice Romano et je vous fournirai un opéra dans quatorze jours. » Et il tint promesse en livrant L’Elisir d’amore.

 

L’oreille absolue

En rentrant chez lui après une fête animée et sans doute bien arrosée, Arthur Sullivan n’arrivait pas à distinguer sa maison des maisons voisines, qui lui ressemblaient beaucoup. Alors, il s’approcha discrètement de chacune des maisons et donna un coup de pied au gratte-pieds métallique. Puis, à la troisième ou quatrième maison, après avoir donné un coup de pied au gratte-pieds, il s’exclama : « Mi bémol ! C’est celle-ci. » Et il rentra chez-lui.

 

Douze policiers

De retour d’un séjour d’études à Leipzig, en 1861, Sir Arthur Sullivan devint organiste à  l’église Saint-Michel de Londres. Pour renforcer le chœur de l’église, il mobilisa une douzaine de policiers du commissariat voisin !

 

Klemperer et Mendelssohn

Un jour, le chef d’orchestre Otto Klemperer entra chez un disquaire en compagnie d’un cadre d’une société de disques, du nom de George de Mendelssohn-Bartholdy. Il demanda au commis s’il avait la cinquième symphonie de Beethoven dirigée par Klemperer. Le commis répondit : Non. Nous l’avons avec Ormandy et avec Toscanini. Pourquoi voulez-vous absolument l’avoir avec Klemperer ? » - « Parce que je suis Klemperer. » - « Je vois, répondit le commis. Et lui, en montrant le compagnon de Klemperer, lui dit-il d’un ton sarcastique, je suppose que c’est Beethoven ! – « Non, répondit Klemperer. Lui, c’est Mendelssohn ! »


Musique et soulèvements populaires

L’opéra Nabucco, de Giuseppe Verdi (1813-1901), a eu une certaine influence dans l’unification de l’Italie au 19e siècle. La Lombardie et la Vénétie étaient alors sous occupation autrichienne. Les Italiens ont vu dans les souffrances du peuple hébreux, maintenu en captivité à Babylone par Nabuchodonosor, un parallèle avec leurs propre situation. Le chœur Va pensiero est même devenu pour eux une sorte d’hymne national. L’opéra fut créé à la Scala de Milan le 9 mars 1842, mais ce n’est qu’en 1848 que les Lombards se révoltèrent. Cette révolte fut cependant écrasée dans le sang.

 

L’opéra La Muette de Portici, d’Esprit Aubert (1782-1871)  eut cependant un impact plus immédiat en Belgique. L’opéra fut créé à Paris en 1828. Le 25 août 1830, le Théâtre de la Monnaie en donna une représentation à Bruxelles. Cet opéra raconte le soulèvement des Napolitains contre l’oppresseur espagnol. Or, à la suite du Congrès de Vienne (1814-1815), la Belgique avait été rattachée aux Pays-Bas et depuis cette date les Belges, pourtant plus nombreux que les Hollandais, se plaignaient d’être traités en citoyens de second rang. En entendant l’opéra, le public reprit avec enthousiasme le refrain : « Amour sacré de la patrie, rends-nous l’audace et la fierté. »  La tension fut telle que des émeutes éclatèrent à la sortie du théâtre. Cela conduisit finalement à l’indépendance de la Belgique quelques mois plus tard.

 

Les mésaventures de Veracini à Dresde

Francesco Maria Veracini (1690-1768), violoniste et compositeur né à Florence, fut embauché à la cour de Dresde comme Kapellmeister. Auguste le Fort (1670-1733), prince-électeur de Saxe  et roi de Pologne, exprima le souhait de l’entendre jouer un concerto pour violon. Veracini fit remettre aux musiciens les parties d’un concerto écrit par quelqu’un d’autre mais en disant qu’il en était l’auteur. Les musiciens pratiquèrent, puis, Veracini joua le concerto devant le prince. Une fois le morceau achevé, il s’excusa de sa piètre performance en ajoutant, sans se décontenancer : « Ça ne peut pas être mieux quand ce sont des Allemands qui accompagnent ! »  Piqué au vif, le premier violon, Johann Georg Pisendel, demanda donc au roi la permission de faire jouer le même concerto par un autre musicien de l’orchestre, un élève de Pisendel, qui avait secrètement répété ce concerto avec le jeune musicien au préalable. Résultat : cette interprétation fut bien supérieure à celle de Veracini. Ce dernier en fut tellement fâché qu’il ne sortit pas de ses appartements pendant plusieurs jours. – En passant, on croit que Johann Sebastian Bach composa ses sonates et partitas pour violon seul à l’intention de Pisendel.


Musique et joyeuses libations

En 1825, le compositeur Friedrich Rudolf Kuhlau (1786-1832) rendit visite à Beethoven à Baden en compagnie de quelques amis. On y consomma une grande quantité de boissons alcoolisées. Kuhlau improvisa un canon. Beethoven lui rendit la politesse en composant à son tour un canon-calembour sur le nom de Kuhlau « Kühl, nicht lau » (frais, pas tiède). Le lendemain matin, Kuhlau reçut de Beethoven une note accompagnée d’un autre canon humoristique sur les notes B-A-C-H :

Baden, le 3 septembre 1825  - Je dois avouer que le champagne m’est monté un peu trop à la tête hier soir et qu’il m’a rendu bien plus confus qu’il n’a stimulé mon intellect. Car, bien que ce soit habituellement assez facile pour moi de répondre sur le champ, je déclare que je n’ai absolument aucun souvenir de ce que j’ai écrit hier soir. Ayez, à l’occasion, une pensée pour votre très dévoué, Beethoven »

 

Le Dr Mesmer et Mozart

Les techniques du Dr Franz Anton Mesmer (1734-1815) ne sont plus beaucoup pratiquées de nos jours, mais ce médecin fut très célèbre en son temps. Il traitait en effet ses patients à l’aide d’un mélange de magnétisme et d’hypnose. Originaire d’Allemagne, il obtint un doctorat en médecine à Vienne en 1766 en présentant une dissertation sur l’influence des planètes sur le corps humain. Il quitta Vienne pour Paris en 1778 et rentra définitivement en Allemagne en 1803. Selon Nissen, le premier biographe de Mozart, la première de l’opéra Bastien et Bastienne (1767) aurait eu lieu chez le Dr Mesmer. Il est certain que les Mozart ont eu des contacts avec le Dr Mesmer en 1773. La marche K. 290 aurait été jouée à une réception donnée dans les jardins du Dr. Mesmer à Vienne cette année-là.  Mozart se souviendra du célèbre magnétiseur dans le finale du premier acte Cosi fan tutte, alors que Despina, déguisée en docteur, se sert d’un fer aimanté pour extirper l’arsenic que Ferrando et Guglielmo ont prétendument avalé.

 

Fidèles perturbés par l’organiste

Comme la plupart des orgues sont construits dans des églises, les organistes ne peuvent pas y jouer n’importe quel type de musique. Du moins, c’était la règle autrefois. Deux musiciens se sont d’ailleurs fait rabroués pour leurs incartades. Claude Balbastre (1727-1799), après avoir étudié avec Claude Rameau, le frère de Jean-Philippe, devint organiste dans diverses églises de Paris. Il attirait les foules par ses improvisations, mais comme certaines improvisations dérangeaient le recueillement des fidèles, l’archevêque de Paris lui interdit à deux reprises de jouer à la messe de minuit. Quant à Johann Strauss fils (1825-1899), il étudia avec Joseph Drechsler, qui était organiste à l’église Am Hof à Vienne. Pour avoir le droit de se produire comme directeur d’un orchestre de danse, il devait démontrer aux autorités qu’il avait des connaissances en musique, d’où cette démarche. Avec Drechsler, il apprit même à jouer de l’orgue. Il composa un Graduel comme examen. Mais lorsqu’il était au pupitre de l’orgue, il lui arrivait d’improviser des valses et des polkas. Lorsqu’on le ramenait à l’ordre, il répondait : Pardon! Je voulais jouer une fugue, mais une valse m’a échappé des doigts!


Compositeur rapide

À l’instar de Mozart, Dmitri Shostakovich (1906-1975) avait une mémoire prodigieuse et était un brillant et rapide compositeur. En 1928, lors d’une réception, il entendit un enregistrement du foxtrot Tea for two, tiré de la comédie musicale No, No, Nannette, de Vincent Youmans (1898-1946). Shostakovich n’aimait pas l’orchestration de cette pièce. Aussi, l’un de ses amis, le chef d’orchestre Nikolay Malko, lui dit : « Alors, vous ne l’aimez pas? Eh bien, si vous êtes vraiment un génie, notez la musique de mémoire et faites-en un arrangement pour orchestre. Je vous donne une heure pour le faire. » Le compositeur releva le pari et lui présenta son arrangement 45 minutes plus tard. De son côté, le chef d’orchestre Malko lui rendit la politesse en dirigeant cet arrangement le 25 novembre 1928 à Saint-Petersbourg.

 

Le canular de Fritz Kreisler

Certaines pièces composées par le violoniste virtuose Fritz Kreisler suggéraient par leurs titres une parenté ou une filiation avec un compositeur célèbre, comme Boccherini, Couperin, le Padre Martini, Porpora, Corelli ou son illustre prédécesseur Paganini.  Les critiques musicaux ont cherché en vain l’œuvre originale de ces compositeurs qui aurait soi-disant inspiré Kreisler. Or, en 1935, Fritz Kreisler lui-même déclara que toutes ces compositions étaient en fait de son cru et qu’elles n’étaient d’aucune façon inspirées de ces compositeurs.  Cette révélation ne plut pas du tout à certains critiques, mais d’autres ont pris ce canular avec humour.

 

Riches et pauvres

Plusieurs compositeurs sont morts dans la misère. Ce fut le cas, notamment, de Luigi Boccherini (1743-1805) et de Johann Christian Bach (1735-1782). Mais d’autres ont vécu dans l’aisance, comme Joseph Haydn. Certains ont même légué de petites fortunes à leur mort. Ainsi, Carl Czerny (1791-1857), célibataire et sans proches parents, a légué à des œuvres de charité 100 000 florins. Jean-Baptiste Lully  (1632-1687), de son côté, laissa 300 000 livres dans ses coffres et de grandes propriétés. Quant à la fortune léguée par Arcangelo Corelli (1653-1713), elle était constituée d’argent liquide, mais aussi d’une riche collection de tableaux.

 

Enivrés par la danse

Seulement pour l’année 1832, par exemple, on a dénombré à Vienne pas moins de 772 bals (une moyenne de deux par jour), qui ont attiré quelque 200 000 personnes, soit l’équivalent des deux tiers de la population de la ville à cette époque. Au carnaval de 1840, dans trois établissements seulement, on a dénombré 122 soirées de bal. Le 14 août 1842, Johann Strauss père et son orchestre ont joué en plein air à Brühl bei Modling, ce qui a fait accourir une foule de 12 000 personnes. En 1844, Johann Strauss père disposait d’un orchestre de 200 musiciens, qu’il subdivisait en diverses formations, ce qui lui permettait de participer à diverses soirées simultanément. Parmi les nombreuses salles de bal en vogue à l’époque, mentionnons l’Odéon, inauguré en 1845, qui pouvait accueillir 4000 personnes !

 

Climat trop doux

Comme cantor de l’église Saint-Thomas de Leipzig, Johann Sebastian Bach gagnait un salaire quatre fois moindre qu’à Köthen. Cependant, il pouvait compter sur les mariages et surtout sur les funérailles pour arrondir les fins de mois. Dans les « bonnes années », il pouvait espérer au moins un enterrement par jour. en 1730, dans une lettre à Georg Erdmann, un ami d’enfance devenu diplomate, Bach se plaignait toutefois que le climat trop doux de cette année-là avait fait baisser le taux de mortalité. Aussi, il tenta de diversifier ses sources de revenus en louant des instruments de musique.

 

Il a fait de la prison                                   

Jean-Sébastien Bach séjourna en prison de 6 novembre au 2 décembre 1717. Et pour crime de lèse-majesté ! Pendant son séjour à Weinar, le duc Guillaume II refuse à refuse à Bach le poste de maître de chapelle de Weimar. Le compositeur obtint une place de maître de chapelle à Köthen. Bach réitère sa demande un mois plus tard et est arrêté, selon le rapport du secrétaire de la cour, « en raison de son entêtement à vouloir obtenir de force sa démission ».

 

Des variations très variées

Niccolò Paganini (1782-1840) composa en 1829 une série de variations pour violon et orchestre sur une chanson populaire intitulée « O mamma mia », qu’il a intitulées « Carnevale di Venezia » (Le Carnaval de Venise), opus 10. De nombreux compositeurs, à sa suite, ont composé des variations ou des fantaisies sur le même thème et pour divers instruments, notamment pour la flûte et la clarinette. Les titres varient quelque peu, mais on y retrouve toujours les mots « Carnaval de Venise ». Parmi ces compositeurs, mentionnons, par ordre alphabétique : Jean-Baptiste Arban (1825-1889), Julius Benedict (1804-1855), Giulio Briccialdi (1818-1881), Jules-Auguste-Édouard Demersseman (1833-1866), Vincenzo De Michelis (1825-1891), Alamiro Giampieri (1893-1963), Paul Jeanjean (1874-1928), Johann Padowetz (1800-1872) et Vincenzo Tommasini (1878-1950). 

 

Débuts rocambolesques d’un corniste

Le corniste tchèque Jan Václav Stich (1746-1803) naquit dans une famille de serfs attachée au comte Joseph Johann von Thun. Le comte l’envoya étudier avec les meilleurs cornistes de l’époque, d’abord à Prague, puis à Munich et enfin à Dresde, avec Anton Joseph Hampel (vers 1710-1771). Après ces études, Stich revint auprès du comte. Mais la vie de serviteur dans cette région rurale ne correspondait pas à son tempérament. Il était considéré comme un jeune homme impétueux et un fauteur de troubles. Le comte lui interdit même de porter une épée pour éviter que ne se produise un incident malheureux. Après quatre années tumultueuses passées dans cette situation, le jeune Stich s’enfuit avec quatre amis. Furieux, le comte lança des soldats à leur poursuite, avec l’ordre de casser les dents d’en avant de Stich, s’ils parvenaient à l’attraper, afin qu’il ne puisse plus jouer du cor. Heureusement, les cinq jeunes gens réussirent à échapper aux soldats. Une fois arrivé dans le Saint empire romain germanique, Stich italianisa son nom en Giovanni Punto. Il fit une carrière de soliste à travers l’Europe. À Paris, entre 1776 et 1788, il joua pas moins de 49 fois aux Concerts spirituels. C’est pour lui et trois musiciens de l’orchestre de la Cour de Mannheim que Mozart composa à Paris en 1778 sa symphonie concertante pour flûte, hautbois, basson et cor, œuvre dont la partition a été perdue.

 

Deux importants mécènes oubliés

Des mécènes ont joué un rôle clé dans la vie de Pablo de Sarasate (1844-1908) et de Muzio Clementi (1752-1832). Qui sont-ils? Ignacio Garcia et Sir Peter Beckford. Le récit de leur intervention est touchante. Alors qu’il avait onze ans, Pablo de Sarasate, orphelin de père, joua devant la reine d’Espagne, Isabelle I, qui, émerveillée, lui accorda une bourse pour qu’il puisse poursuivre ses études en France. Pablo prit la route pour Paris avec sa mère, mais celle-ci mourut à l’étape de Bayonne. Pablo était complètement perdu dans un pays dont il ne connaissait pas la langue. C’est alors qu’un riche Espagnol, Ignacio Garcia, se chargea de lui, le conduisit à Paris et lui paya sa pension au Conservatoire. Le directeur du Conservatoire prit plus tard le relais et adopta le jeune musicien. - Muzio Clementi (1752-1832) naquit à Rome dans une famille de sept enfants. Il commença à étudier la musique à l’âge de sept ans. À treize ans, il était organiste dans une église. En 1766, un anglais fortuné, Sir Peter Beckford impressionné par le talent du garçon, offrit aux parent de l’emmener avec lui en Angleterre et de lui payer ses études jusqu’à l’âge de 21 ans. Il s’engagea aussi par contrat à verser une allocation trimestrielle à la famille. De son côté, le jeune musicien devait assurer la musique de divertissement à la propriété de ce noble anglais. Et Beckford respecta son contrat, ce qui permit à Clementi de devenir un pianiste virtuose très populaire.

 

Des musiciens en affaires !

Plusieurs musiciens se sont lancés en affaires. Johann Sebastian Bach loua des instruments de musique et se lança dans la vente des pianos Silbermann dans les années 1740. Le violoniste et compositeur allemand Johann Peter Salomon se fit organisateur de concerts à Londres. Le pianiste et compositeur Muzio Clementi investit dans une firme d’édition musicale, puis dans la facture de pianos. Giovanni Battista Viotti, violoniste et compositeur, se fit marchand de vin, mais cette expérience se traduisit par un échec. Ignaz Leutgeb, un corniste de Salzbourg, s’installa à Vienne et y ouvrit une boutique de fromages. C’est pour lui que Mozart composa ses concertos pour cor. Ignaz Pleyel, élève de Joseph Hadyn, fonda une maison d’édition et une entreprise de facture de pianos.

 

Panne de voiture à l’opéra

En 1990, la compagnie Opera Ottawa présenta Carmen de Georges Bizet dans une mise en scène moderne.  Au premier acte, ce sont des policiers et non des soldats qui venaient arrêter Carmen. Ces derniers arrivaient sur scène dans une voiture de patrouille du début des années 1970. Ils firent monter Carmen, mais en voulant redémarrer l’auto, le moteur explosa et une fumée bleu emplit la salle. La voiture refusant d’avancer, ce sont des machinistes qui l’ont finalement poussée dans les coulisses.  Inutile de dire que l’incident a provoqué l’hilarité générale. (Anecdote rapportée par le magazine Infopéra, dans son édition de septembre 2006)

 

Beethoven et le métronome portable

Johann Nepomuk Maelzel (1772-1838), ingénieur et inventeur allemand, a mis au point un métronome portable. Pour le taquiner, Beethoven composa en 1812 un canon vocal humoristique  intitulé « An Maelzel », WoO 162. À la demande de Maelzel, Beethoven composa aussi la musique de Wellington’s Victory, opus 91, pour un panharmonicon inventé par Maelzel. Beethoven a ensuite réécrit cette musique pour orchestre et la pièce fut jouée en 1813. – Par souci d’honnêteté, il convient de préciser que Dietrich Nicolaus Winkel avait inventé un métronome avant Maelzel.

 

13 heures de pratique par jour

Anton Bruckner (1824-1896), naquit à Ansfelden, petite ville située près de Linz, capitale de la Haute-Autriche. Il reçut sa première formation musicale de son père, puis, après la mort de ce dernier, il entra comme petit chanteur au monastère de Saint-Florian. Après avoir reçu une formation d’instituteur à Linz et avoir enseigné dans quelques hameaux de 1843 à 1845, il revint au monastère de Saint-Florian à titre d’instituteur et d’organiste. On dit qu’il faisait alors dix heures de piano et trois heures d’orgue par jour !

 

Cherubini, Auber et Liszt

Le compositeur italien Luigi Cherubini, né à Florence, s’établit à Paris en 1787. Lors de la fondation du Conservatoire de musique en 1795, il y fut engagé comme « inspecteur des études ». En 1822, il fut nommé directeur de cette prestigieuse institution et demeura à ce poste pendant vingt ans. L’année suivante, Franz Liszt, alors âgé de 12 ans, arriva à Paris. Cherubini refusa de l’admettre au Conservatoire sous prétexte qu’il était de nationalité étrangère. En réalité, Cherubini n’aimait pas les enfants prodiges.  Mais en 1811, après avoir entendu l’opéra Julie de Daniel-François Auber (1782-1871), Cherubini reconnut le talent du jeune compositeur et lui offrit de parfaire sa formation. Cherubini dit au père du jeune homme : « Il ne manque pas d’imagination, mais il lui faudrait commencer par oublier tout ce qu’il sait – en supposant qu’il sache quelque chose. » Auber composa une cinquantaine d’opéras qui eurent beaucoup de succès à l’époque, dont La muette de Portici (1829), qui eut beaucoup de retentissement. Auber succéda à Cherubini à la direction du Conservatoire de Paris en 1842.

 

La quarantaine

Contrairement à Mozart, Mendelssohn et Bizet, chez qui le génie musical avait atteint son apogée à trente ans, Daniel-François Auber (1782-1871) n’est parvenu à l’épanouissement que dans la quarantaine. Et il avait déjà perdu l’amour de son art à ce moment-là. Il disait, avec une touche d’amertume : « J’ai longtemps aimé la musique comme une maîtresse, mais à présent elle est devenue ma femme ! »

 

Performance impressionnante

Mozart avait promis à Regina Strinasacchi (1761-1839), une violoniste italienne virtuose, de lui composer une sonate pour violon et piano. Accaparé par bien d’autres choses, il ne s’acquitta de sa promesse qu’au dernier moment et mit sur papier la partie de violon. Il n’a cependant pas eu le temps, avant le concert, de noter la partie de piano qu’il devait jouer. Lors de l’exécution, il improvisa ou joua une musique déjà composée dans sa tête. L’empereur Joseph II, qui assistait au concert, s’en est rendu compte et demanda à Mozart de lui montrer la feuille qu’il avait placée devant lui. Il n’y avait que des portées et des barres de mesures, mais sans aucune note. C’est l’histoire de la sonate K. 454, composée à Vienne le 21 et jouée le 29 avril 1784 au Kärtnertortheater à une académie de la violoniste.

 

L’art de ne pas se compromettre

Après une représentation de Lohengrin de Richard Wagner, on demanda à Rossini ce qu’il pensait de cet opéra. Il répondit : « On ne peut vraiment pas porter de jugement après une première écoute et je n’ai certainement pas l’intention de l’entendre une deuxième fois. »

 

Les taquineries de Rossini

Un joueur d’orgue de Barbarie jouait des airs du Barbier de Séville de Rossini sous les fenêtres du compositeur Jean-François Halévy. Exaspéré, Halévy sortit et dit à cet importun : « Je vous donne un louis d’or si vous allez jouer ma musique sous les fenêtres de Rossini. » « Mais monsieur, répondit l’autre, Rossini m’a donné deux louis d’or pour que je vienne jouer sa musique chez vous ! »

 

Librettiste populaire

Le librettiste le plus populaire auprès des compositeurs d’opéra fut sans doute Metastasio. Son nom véritable était Pietro Antonio Domenico Bonaventura Trapassi (1698-1782).  Passionné de théâtre antique, il adopta la forme grecque de son nom. Ses textes furent mis en musique par de nombreux musiciens. Certains sujets furent particulièrement prisés.  Ainsi, Alessandro nell’Indie a été utilisé 68 fois entre 1729 et 1824, notamment par Johann Christian Bach, Haendel, Porpora, Piccini, Hasse et Jomelli ; Atarsese a été utilisé 80 fois ; L’Olimpiade, 53 fois ; et La clemenza di Tito, 41 fois, y compris par Mozart.

 

 Les misères d’un corniste

Un jour, après une représentation de l'opéra Le Vaisseau fantôme, de Richard Wagner, le secrétaire de l'orchestre demanda au corniste Franz Strauss (le père de Richard Strauss) de se préparer à jouer Cosi fan tutte, de Mozart,  le lendemain. Strauss refusa tout net, car la partition de Wagner lui avait abîmé les lèvres. Le secrétaire insista et la conversation dégénéra en dispute violente. Strauss y mit fin en assénant un solide coup de poing au visage du secrétaire. On fit enquête et Strauss dût payer une amende.

 

Rivalité silencieuse

Après un séjour d’une douzaine d’années à Saint-Pétersbourg (1860-1872), le violoniste Henryk Wieniavski  partit faire une tournée de concerts au États-Unis. Il y rencontra son ex-collègue, le pianiste non moins virtuose Anton Rubinstein, directeur du Conservatoire de Saint-Pétersbourg, que le facteur de piano Steinway avait fait venir en Amérique.  Les deux musiciens donnèrent pas moins de 216 concerts en 245 jours, une performance ahurissante. Mais la tournée ne se déroula pas en parfaite harmonie sur le plan des relations interpersonnelles. Wieniawski constata que son nom était écrit en plus petits caractères que celui de Rubinstein sur les affiches publicitaires. Aussi,  les deux hommes firent cette tournée sans se parler.

 

Un dispositif mécanique

Le père de Robert Schumann (1810-1856) lui acheta un piano et des partitions, mais après sa mort, en 1826, sa mère ne l’encouragea pas à devenir musicien. Aussi, en 1828, Robert Schumann s’inscrivit-il à la faculté de droit à Leipzig. Il y rencontra Friedrich Wieck (1785-1873), qui devint son professeur de piano. Il voulut devenir pianiste et compositeur. Mais il dut renoncer au piano, car il utilisa un dispositif mécanique de son invention pour écarteler ses doigts, ce qui entraîna la paralysie de deux doigts de la main droite.

 

Un bouton de la veste

Le père de Georges Frédéric Haendel (1685-1759) était barbier-chirurgien - une profession mixte très peu répandue de nos jours - et il aurait voulu que son fils devienne juriste, mais le duc de Saxe, après avoir entendu l’enfant, pensa autrement. À 17 ans, Georges Frédéric entra à l’Université de Halle, mais, dès l’année suivante, il partit pour Hambourg, alors la capitale de l’opéra allemand. Il composait déjà des opéras et se lia d’amitié avec le musicien Johann Matteson. La carrière de Haendel a failli se terminer là, car à la suite d’une dispute, les deux amis se battirent en duel sur la place du marché. Heureusement, l’épée de Mattheson a été arrêtée par un bouton de la veste de Haendel.

 

Miserere d’Allegri

L’âge de quatorze ans, Mozart réussit transcrire le « Miserere » de Gregorio Allegri (1552-1632), après deux écoutes. Alors qu’il visitait Rome, il eut la chance d’écouter une pièce à la chapelle Sixtine. Il ne sait pas alors que le pape Urbain VIII avait interdit que l’on publiât sa partition et rester la propriété exclusive du Vatican. Mozart l’écrivit de mémoire et en entier.

 

La clarinette

D’après Oskar Kroll, auteur d’un livre consacré à la clarinette, réédité en 1993 par Bärenreiter, il y avait au Conservatoire de Paris au moment de sa fondation (1795) pas moins de 104 élèves en clarinette et 12 professeurs pour cet instrument. Dans les harmonies des armées européennes, on comptait à cette époque quelque 55 000 clarinettistes et certains ensembles en avaient par moins de 20 !

 

En suites

À l’époque baroque, de nombreuses pièces musicales étaient regroupées en suites, désignées aussi sous le nom de « partitas ». Deux exemples sont particulièrement frappants. Les « Simphonies pour les Soupers du Roy », de Michel-Richard Delalande (1657-1726), comptent 303 pièces regroupées en 18 suites.  De son côté, François Couperin (1668-1733) a regroupé 240 pièces en 27 suites, qu’il a désignées sous le nom de « ordres ».

 

Compositeurs prolifiques

Le volume de la production de plusieurs compositeurs contemporains apparaît bien mince en comparaison avec la production des compositeurs de l’époque baroque ou de l’époque classique. On estime que Georg Philipp Telemann (1681-1767) a laissé quelque 2000 œuvres. Le catalogue des œuvres de Johann Sebastin Bach (1685-1750) compte plus de 1000 titres. Carl Czerny (1791-1857) et Johann Baptist Vanhal (1739-1813) ont aussi composé plus de 1000 œuvres chacun. Mais il y a œuvre et œuvre. La durée d’exécution d’un oratorio ou d’un opéra n’est pas la même que celle d’une sonate ou d’un lied. La production de Haydn et Mozart, pour ne donner que deux exemples, se compare sans doute, en volume, à celle des compositeurs mentionnés plus haut.

 

Bizet ou Yradier ?                                                            

La célèbre habanera est sans doute le morceau le plus populaire de l’opéra Carmen, de Georges Bizet (1838-1875). Pourtant, cet air n’est pas entièrement de lui. Il emprunta en effet, en y apportant quelques modifications, la mélodie d’une chanson de Sebastián Yradier (1809-1865) intitulée El arreglito, composée en 1864. Ce compositeur espagnol, à qui on doit notamment La Paloma, a vécu à Cuba pendant plusieurs années. Il contribua à populariser la habanera, une danse lente cubano-espagnole.

 

De quoi sont-ils morts ?

- Le compositeur espagnol Enrique Granados (1867-1916) devint un pianiste de grande renommée. De retour des États-Unis, où il fut invité à donner un concert à la Maison-Blanche, il mourut le 24 mars 1916 alors que le bateau à bord duquel il voyageait fut torpillé par un sous-marin allemand dans la Manche

- Le Français Jean-Marie Leclair (1697-1764), qui fut violoniste, compositeur, chorégraphe et danseur, fut assassiné dans le vestibule de sa maison.

- Selon le Dr William Walsh, un chercheur américain de l’Illinois, Ludwig van Beethoven serait mort de saturnisme. Des analyses chimiques d’un cheveu du compositeur ont révélé des concentrations anormalement élevées de plomb. L’eau potable de Vienne à l’époque contenait du plomb et il y était fréquent de boire dans des tasses en plomb.

- Quant à Wolfgang Amadeus Mozart, il serait mort empoisonné, non pas par Salieri, mais par de la viande de porc avariée. C’est l’hypothèse que soutient le Dr Jan Hirschmann, spécialiste en maladies infectieuses. Dans un mot à sa femme, 44 jours avant le début de sa maladie, Mozart disait avoir mangé des côtelettes de porc. Comme la période d’incubation de la trichinose est de 50 jours et que Mozart est mort quinze jours après le déclenchement de sa maladie, le Dr Hirschmann pourrait bien avoir trouvé la cause réelle de la mort du compositeur.